Un peu de vocabulaire : épidermure
Dans votre parcours de philatéliste, en de rares occasions, vous pourrez être confronté au terme épidermure dans le descriptif que pourra faire un vendeur de timbres. Pire encore, vous pourrez croiser ici et là un ou des timbres affligés de cette satanée épidermure.
Alors, de quoi s'agit-il ?
Si vous l'ignorez, rassurez-vous car le terme est rarement employé ; d'ailleurs il ne figure pas dans le lexique philatélique de la F.F.A.P. (la fédération française des associations philatéliques)
En effet, le substantif épidermure ne relève pas directement à l'origine du vocabulaire philatélique mais a été emprunté aux domaines de la peinture et de la bibliophilie.
L'épidermure correspond à une altération de la couche superficielle de la partie imprimée d'un timbre, avec une perte plus ou moins importante de matière, qui va laisser de ce fait apparaître le papier. Cette épidermure se produit fréquemment lorsqu'on tente de séparer deux timbres collés entre eux et que malheureusement lors de cette opération, de fines parties de la face imprimée du timbre vont être arrachées.
Elle peut également résulter d'un frottement excessif, c'est souvent le cas en philatélie fiscale pour les fiscaux apposés sur un certain nombre de documents que les usagers portaient en permanence sur eux (permis divers, cartes d'identité...)
En voici un exemple sur une carte d'acheteur de viandes :
La partie 51 de 1951 du timbre orange a subi
une épidermure à la suite de frottements répétés
Par abus de langage ou pour impressionner la galerie, certains philatélistes désignent les amincis et autres pelurages (terme utilisé lorsque l'aminci est de faible surface et de faible profondeur) sous le terme épidermure.
Il n'en est rien, amincis et pelurages sont des défauts du verso du timbre, alors que l'épidermure affecte le recto, c'est-à-dire la partie imprimée. Il n'y a pas d'ambiguïtés sur la question si on se réfère à l'étymologie grecque : Epi (sur) Derma (peau) ; le préfixe epi signifie bien : sur, au-dessus de.
L'épidermure est un défaut majeur car elle affecte une partie visible du timbre, aussi lui fait-elle perdre la quasi-totalité de sa valeur si le timbre est détaché, une part plus ou moins importante si le timbre est (seul ou pas) sur lettre.
Dans le domaine fiscal, cette affirmation est à nuancer.
Voyez ce permis de chasse :
Timbres mobiles de permis de chasse de 1936 à 1939
Deux timbres présentent des épidermures. Est-ce à dire que ce permis a perdu toute valeur ?
Naturellement non, il s'agit simplement d'un permis moins attrayant au plan esthétique mais qui mérite malgré tout d'être conservé.
D'ailleurs, le catalogue Yvert et Tellier note ceci à propos des permis de chasse : " Ces timbres [des permis de chasse] étaient ous, avant 1975, apposés sur des permis portés en permanence par les chasseurs. Ainsi ont-ils été soumis à toutes sortes de frottements prolongés ou pliés, et sont donc très souvent de second choix. Aussi, par exception à la règle générale, les plus rares d'entre eux peuvent-ils valablement être présentés en second choix dans les collections sérieuses (valeur des timbres de permis de chasse de second choix affectés de défauts légers et peu apparents : 50 % de la cote) "
En conclusion, le collectionneur fiscaliste ne jettera pas systématiquement le bébé avec l'eau du bain et conservera les documents les plus rares affectés de ces ingrates épidermures comme pièces d'attente en attendant mieux, dans la mesure du possible.