Nihil novi sub sole (suite)
" Nihil novi sub sole ". Rien de nouveau sous le soleil vous disais-je.
Qui pense soleil pense spontanément au Sud, aux vacances... Sous la grisaille ambiante rien de nouveau en ce jour.
En revanche au Nord, il y a du nouveau. Voyons cela.
Un des nombreux attraits de la philatélie fiscale, nous l'avons souligné à de nombreuses reprises, tient au fait qu'il est toujours possible de faire des découvertes, tant le champ de recherches est large.
Pour les aider dans leurs recherches, les philatélistes fiscaux disposent d'un catalogue Yvert et Tellier particulièrement documenté ; ils peuvent également se référer à diverses sources documentaires dont celles proposées par l'association SFPF mais aussi à celles publiées sur ce blog.
Mais, on le sait bien, la philatélie commence souvent où s'arrêtent les catalogues.
Prenons l'exemple de l'émission emblématique des timbres provisoires de dimension mis en circulation dans le département du Nord en mai 1871.
Les philatélistes, même les plus expérimentés ne disposaient que peu d'informations sur cette émission.
Grâce aux recherches d'Yves Morelle (Le timbre fiscal n° 94 2010) qui a pu retrouver aux Archives financières de France le dossier relatif à cette émission, et notamment le tirage des diverses quotités, les connaissances des " fiscalistes " ont considérablement progressé.
Dans ces archives, se trouvait également un dossier donnant de précieuses informations sur le retour de 18 227 exemplaires à l'Atelier du timbre à Paris, retour attesté par un courrier du Directeur de l'Atelier en date du 16 septembre 1871 et sur la destruction de ces timbres, le 30 décembre de la même année. Toutefois, il convient de noter que ce retour ne concernait que les valeurs à 20 et 50 centimes.
On sait que la loi du 23 août 1871 (Arrêté et instruction n° 2413 du 25 août) avait majoré les droits du timbre de dimension : 5 centimes en sus pour la valeur à 20 centimes et 20 % supplémentaires pour les autres valeurs.
C'est pourquoi, on connaît quelques exemplaires des valeurs à 20 et 50 centimes avec surcharge manuscrite (malheureusement presque tous détachés et donc à l'authenticité incertaine) et un exemplaire sur document avec surcharge au cachet (présenté sur ce blog en 2011).
De ce fait, et compte-tenu de la rareté des timbres de cette émission sur document, on devrait logiquement en déduire, et c'est bien ce que fit Y. Morelle dans son article, que ces timbres surchargés d'une nouvelle valeur n'ont pu exister qu'entre le 25 août et le 15 septembre 1871, soit trois semaines tout au plus.
De récentes découvertes nous amènent à corriger cette déduction.
En effet, voici un fragment portant la quotité à 50 centimes annulé à Valenciennes avec surcharge manuscrite " Reçu deux décimes en sus – Valenciennes le 16 octobre 1871 – Signature ".
Ce fragment nous permet d'affirmer que la direction de l'enregistrement du Nord a bien retourné les exemplaires à 20 et 50 centimes à la Direction de Paris, mais qu'elle n'a pas jugé utile de demander aux différents bureaux de son ressort le retour des timbres en leur possession, ce qui fait que ceux-ci ont pu utiliser ces timbres provisoires après la mi-septembre 1871 (et bien après en l’occurrence).
Une autre hypothèse peut être mise en avant : un certain nombre de timbres auraient pu être collés sur les papiers de dimension (pour faire face aux besoins) et le bureau de Lille n'aurait pas jugé utiles de décoller ces timbres non utilisés de leur support.
Par ailleurs, la découverte récente d'un certain nombre de timbres de cette émission (voir ceci) nous permet de progresser dans nos connaissances.
Jusqu'à présent, le catalogue Yvert des fiscaux ne mentionne que 2 quotités avec surcharge manuscrite : les valeurs à 20 et 50 centimes respectivement n° 22 et 23 du catalogue.
En observant avec attention la photo des 9 exemplaires de la quotité à 1 franc de mon billet du 20 Novembre 2017, vous avez peut-être remarqué que le fragment en haut à gauche portait une mention manuscrite.
Si ce n'est pas le cas, rien n'est perdu, voici cet exemplaire :
Bingo : voici signalé et reproduit pour la première fois un exemplaire de la quotité à 1 franc avec surcharge additionnelle manuscrite. En effet, sous le timbre on peut lire : " Du 29 août 1871 – N° 232 Reçu 20 centimes pour deux décimes en sus – Loi du 25 août 1871 ". Le timbre est annulé par la griffe des bureaux d'enregistrement n° 1089, Landrecies.
Je connais un second exemplaire, de la même origine (N° 224 et 232) à la présentation plus agréable à l'oeil, mais non daté, avec cette surcharge manuscrite :
Avec cette découverte, le catalogue Yvert et Tellier va s'enrichir d'un nouveau numéro qui va devoir s'intercaler entre le n° 23 et le n° 24.
Je laisse aux bons soins des rédacteurs du catalogue Yvert le choix de ce n°, 24A me semble-t-il si on suit la logique retenue par l'éditeur jusqu'alors.
Je termine mon propos du jour en suggérant aux rédacteurs du catalogue, mais ils y penseront forcément, de prévoir également un autre n° pour la quotité à 1,50 franc avec surcharge manuscrite qui, bien que n'ayant jamais été rencontrée jusqu'à présent, pourrait bien un jour ou l'autre pointer le bout de son nez.