ARRAS et la bonne fée qui m'accompagne
Il y a presque 30 ans de cela, lorsque j'étais étudiant, je me suis inscrit dans un club philatélique. Je n'y suis pas resté longtemps, car les membres de cette association ne s’intéressaient pas aux fiscaux et comme je ne portais qu'un intérêt limité aux timbres-poste, je me suis vite ennuyé.
Mais je garde en mémoire une anecdote à laquelle je pense encore aujourd'hui.
Voyant mon désarroi, un des membres de l'association me dit : " Mais si, ne t'inquiète pas, tu trouveras des fiscaux, d'ailleurs, il y en a dans un carnet de circulation. Attends un instant, je vais remettre la main dessus ".
Quelques minutes plus tard, mon interlocuteur me tendit obligeamment ledit carnet.
En effet, en dernière page figuraient deux fiscaux. Un timbre de la série unifiée archi courant et un autre de dimension, le n° 6B, presque aussi ordinaire. Je remarquais cependant sur ce timbre une mention 25 C maladroitement écrite. Chaque timbre était proposé à 1 franc.
Bref du tout venant.
Certes, j'aurais pu, pour faire bonne figure, prendre les deux timbres pour en quelque sorte amorcer la pompe et encourager certains membres à faire figurer à l'avenir des fiscaux dans leurs carnets de circulation.
Je ne l'ai pas fait. Pourquoi ? Allez savoir.
Quelques années passent et voilà qu'en 1994 sort le nouveau catalogue des fiscaux chez Yvert et Tellier. Je lis avec attention cet ouvrage et que vois-je reproduite en page 52, au n° A-72, tout simplement cette affreuse surcharge.
Stupéfaction !
" Ce n'est pas possible ! " me suis-je alors dit. " Ce petit fiscal oublié au bout d'un carnet de circulation, c'était donc une surcharge locale des receveurs, en l'occurrence celui d'Arras ".
Comment ai-je pu laisser passer ça ?
C'est ainsi, je débutais plus ou moins, je ne savais pas. Restons en là.
Mais vous le savez bien amis lecteurs, ce genre de situation poursuit souvent le collectionneur.
Oui, il n'est pas un collectionneur sérieux qui n'ait pas une ou plusieurs anecdotes de cet acabit, pas un philatéliste qui ait laissé passer un timbre ou un document hors du commun et qui bien des années après continue à ressasser cette distraction.
Heureusement, la bonne fée qui m'accompagne a eu pitié de moi et, hier, a mis sur ma route un autre exemplaire de ce timbre très rare (timbre non oblitéré présentant au dos des traces du bulletin de chemin de fer sur lequel il avait été apposé à l'époque). Ce timbre, le voici :
Quant à celui qui traînait dans le carnet de circulation, j'imagine qu'il dort encore sagement au fond d'un placard. Mais qui sait ?