Quelques minutes de philatélie
" Collectionneur de timbres et philatéliste ne sont pas des mots synonymes. Les collectionneurs de timbres souvent appelés " boucheurs de cases " semblent avoir pour seul but de remplir les cases vierges de leurs albums. La philatélie est l'étude des timbres et des circonstances de leur fabrication. C'est une occupation très absorbante et, dans ses formes les plus avancées, une étude scientifique qui requiert des connaissances considérables et beaucoup d'intelligence ", ainsi s'exprimait l'expert Jean-François BRUN dans L'écho de la timbrologie de juin 1991 (page 5).
Nous aurons l'occasion de revenir sur le sujet prochainement, mais pour illustrer le propos ci-dessus, je vous propose aujourd'hui quelques minutes de philatélie.
Intéressons-nous aux cartes d'identité professionnelle de représentant ; en voici un exemplaire :
Comment un philatéliste étudie-t-il ce genre de document ?
Il s'intéresse tout d'abord à l'origine du droit de timbre considéré. Fort opportunément, le texte de loi est indiqué sur la couverture de la carte : Loi du 8 octobre 1919. Ce même philatéliste notera que la validité de la carte doit être renouvelée chaque année, la carte étant valable 5 ans au maximum.
Il peut ensuite rechercher les différents tarifs, comme je l'ai fait sur cette carte (les tarifs sont précisés pour chaque quotité).
Ainsi, le tarif à 5 francs découle de la loi n° 59-1472 du 28 décembre 1959 dans son article 74. Il est intéressant de noter que les timbres utilisés sont de deux séries différentes, le n° 374 du catalogue pour les années 1966 et 1967, le n° 356 pour l'année 1968.
Le tarif à 20 francs provient quant à lui de la loi 68-695 du 31 juillet 1968, article 3. C'est le timbre libellé en NF (n° 342 du catalogue) qui fut utilisé car la valeur à 20 francs n'avait pas été reprise dans la série de 1963.
Pour le philatéliste, la quête peut se poursuivre en recherchant d'autres cartes, comme celle-ci :
Sur cette carte, nouveau type de timbre, au médaillon regravé, pour la figurine à 20 francs. De quel timbre s'agit-il ? Du n° 379, au filigrane AT66 ou du n° 412, au filigrane AGT ? Impossible de le dire sans être obligé de décoller chaque timbre, ce que je n'ai pas fait pour l'instant.
J'en profite pour vous indiquer que le n° 379 a été créé et imprimé en 1969 spécifiquement pour les cartes de VRP et qu'il est rare et très nettement sous coté au catalogue car c'est en cette même année 1969 que l'Atelier du timbre passe au filigrane AGT, les timbres à 20 francs imprimés sur le papier AT l'ont donc été sur le reliquat des bobines à l'ancien filigrane.
Il faut attendre la loi n° 73-1150 du 27 décembre 1973 pour que ce tarif passe à 24 francs.
Nous pouvons continuer ainsi :
30 francs : loi n° 75-1278 du 30 décembre 1975
etc, etc.
Le droit de timbre de la carte d'identité des représentants a été définitivement supprimé par l'article 31 de la loi de finances n° 99-1172 du 31 décembre 1999. A sa suppression, ce droit de timbre rapportait 15 000 000 de francs, sachant que le droit était alors de 120 francs, il y avait donc en circulation 125 000 cartes. Combien en reste-t-il aujourd'hui ? Certainement bien peu.
Voilà en quelques minutes comment on peut faire de la philatélie.