Le timbre de la C.N.V d'Henri CORTOT d'épreuve en épreuve
En philatélie, d'après la définition donnée par l'Académie de philatélie, le terme épreuve désigne une " Empreinte sur papier d’un outil destiné à fabriquer le matériel d’impression des timbres-poste ". Cette définition s'applique naturellement elle aussi à la philatélie fiscale et la définition donnée par l'Académie pourrait donc utilement être complétée ainsi : " Empreinte sur papier d’un outil destiné à fabriquer le matériel d’impression des timbres-poste et des timbres fiscaux ".
Les épreuves sont réalisées à l'unité par le graveur sur divers papiers ou cartons à sa disposition ce qui lui permet de vérifier l'avancement de son travail. On distinguera les épreuves intermédiaires (ou épreuves d'état), imprimées à différentes étapes de la création, de l'épreuve terminale frappée lorsque le travail est achevé.
Les épreuves ne sont donc pas des essais, ce que nous précise opportunément le catalogue Yvert et Tellier des fiscaux 2012 en page 8 : " On confond trop souvent sous la dénomination générique d'essais, les " épreuves " qui sont imprimées au coup par coup lors des étapes initiales de la préparation des timbres, avec les " essais " proprement dits qui eux, sont imprimés en feuilles vers le terme de ce processus. Les épreuves sont généralement reconnaissables à leurs grandes marges qui leur donnent souvent l'allure de feuillets, alors que les essais ont des marges normales ou sont même parfois dentelés. "
La notion d'épreuve étant précisée, intéressons-nous à titre d'illustration au travail réalisé par le graveur Henri CORTOT pour l'émission du socio-postal de la C.N.V (Caisse nationale de vacances) en 1948.
Vous connaissez sûrement ce timbre :
CNV n° 1
Mais vous ne connaissez vraisemblablement pas les épreuves se rattachant à cette figurine et pour cause ; jusqu'à présent elles n'avaient jamais été signalées. Je suis heureux de vous les présenter aujourd'hui.
ÉPREUVE D'ÉTAT N° 1
Après un examen attentif des pièces en ma possession, cette épreuve m'apparaît être la première, c'est pourquoi nous l'avons dénommée " Epreuve d'état n° 1 ".
Les épreuves nous apportent généralement de précieuses informations sur le travail du graveur et l'élaboration du timbre. C'est bien le cas en l'espèce, on constate immédiatement que le timbre définitif va être réalisé en deux étapes : d'une part le personnage à la corne d'abondance et tout ce qui s'y rattache y compris la faciale à CENT FRANCS ainsi que le cadre et, d'autre part, le fond.
ÉPREUVE D'ÉTAT N° 2
Cette épreuve encadrée de noir est dite " Epreuve d'état n° 2 " car CORTOT a apporté de légères améliorations par rapport à l'épreuve précédente. Ces retouches sont destinées à mieux faire ressortir les mains et les pieds ainsi que la mention C.N.V en bas de la girouette. Apparaissent désormais également les noms H. CORTOT (angle SE) et LANCASTER (angle SO).
ÉPREUVE D'ÉTAT N° 2 bis
Même épreuve semble-t-il mais cette fois sans l'encadrement noir d'où la dénomination " Epreuve d'état n° 2 bis ".
ÉPREUVE DÉFINITIVE
Cette épreuve est imprimée au type définitif dans les couleurs de l'émission (bleu-vert et jaune). Elle correspond au timbre qui sera finalement émis et que je vous ai présenté plus haut.