Une rareté insoupçonnée : le n° 17 des cartes d'identité des étrangers
Carte d'identité des étrangers n° 17
Vous n'avez pas dû voir souvent le timbre ci-dessus, et pour cause !
En effet, ce n° 17 des cartes d'identité des étrangers est le plus rare de la série des timbres mobiles " CARTE D'IDENTITE DES ETRANGERS " ayant pour objet de taxer la délivrance des cartes destinées aux étrangers séjournant durablement en France.
Accessoirement, ce timbre est un des fiscaux les plus rares de France.
Voici quelques explications le concernant, sachant qu'un coup d'oeil au catalogue Yvert et Tellier nous donne pour ce timbre une cote de 40 € oblitéré et à peine mieux en neuf : 75 €. Nous sommes bien loin des cotes généralement attribuées aux raretés. Alors qu'est-ce qui me permet d'affirmer que les exemplaires existants de ce timbre se comptent sur les doigts d'une main ?
Un premier élément de contexte : c'est par le décret du 2 mai 1938 que les tarifs alors en vigueur sont relevés. Ils passent de 50 à 65 francs pour les cartes à tarif réduit (dont bénéficient : les étrangers pères et mères d'un ou plusieurs enfants français ; les étudiants, les travailleurs salariés, les savants et écrivains vivant en France (sous certaines conditions) et les conjoints, ascendants et descendants des travailleurs vivant avec ces derniers) et de 200 à 260 francs pour les cartes ne pouvant prétendre au tarif réduit.
Carte d'identité des étrangers n° 18
La mise en application de ce décret est fixée au 1er juillet 1938. Les tarifs sont à nouveau relevés par le décret-loi du 12 novembre 1938. Ces deux valeurs à 65 et 260 francs vont donc servir en tout et pour tout un peu plus de 4 mois et seulement pour une catégorie réduite de redevable. Nous disposons d'ores et déjà des éléments constitutifs d'une rareté intrinsèque.
Les deux faciales à 65 et 260 francs devraient donc, en principe, être aussi rares l'une que l'autre. Mais ce n'est pas le cas, car si je vous ai dit au début de ce billet que le n° 17 était une des plus grandes raretés de la collection de France, je n'ai pas indiqué la même chose pour le n° 18, qui bien que rare peut se rencontrer de temps à autre.
Deuxième élément déterminant la rareté du n° 17 : l'Administration, coutumière de la réutilisation des stocks existants avait fait procéder à la surcharge de la faciale à 65 francs sur un timbre non émis à 50 francs. (non émis qui, pour l'anecdote, n'a jamais été rencontré à ma connaissance). C'est ce timbre qui a été mis en circulation au 1er juillet 1938 :
Carte d'identité des étrangers n° 16
En principe, les émissions provisoires obtenues par surcharge du nouveau tarif sur les faciales devenues sans objet sont plus rares que les émissions définitives. Ce n'est pas le cas ici, vu la brièveté du tarif et il est vraisemblable que les quantités imprimées de ce n° 16 ont été suffisantes pour couvrir les besoins ; c'est pourquoi je me demande si, en définitive, le n° 17 a été mis en circulation.
Dernier élément : ce timbre est indiqué comme rare par Henri JANTON dans sa collection fiscale déposée au CAEF. (Remarque : JANTON n'a employé qu'exceptionnellement ce qualificatif de rare). S'agissant de l'avis d'un si éminent spécialiste des fiscaux, on ne saurait qu'y souscrire.
Avis à la population : qui possède ce n° 17 ?