Effets de commerce de l'Empire : tout est dans la nuance.
Robert, un de nos correspondants, nous adresse un sympathique message d'encouragements et m'indique ceci : " Tout est dans la nuance. Concernant les effets de commerce de la 1ère série, j'ai constaté 7 nuances différentes, les plus intéressantes sont en partant de la gauche du scan "
Voici le scan joint à ce message :
Robert me donne les précisions suivantes :
- le n° 4 est gris sur papier azuré. Vu sur 4 exemplaires : les 1 f., 3 f., 8 f., 9 f. ;
- le n° 6 : brun foncé sur papier huileux plus courant faisant ressortir l'effigie au verso ;
- le n° 7 : brun noir sur papier blanc. Vu sur 3 exemplaires : les 50 c., 1 f., 2.50 f.
Il conclut en me demandant ceci : " auriez-vous des renseignements à ce sujet car peu d'explications ou d'infos sur le catalogue. "
La question est pertinente, mais le sujet est complexe.
En effet, divers éléments interviennent : la couleur initiale du timbre et le papier utilisé mais surtout l'évolution de ces deux facteurs dans le temps.
J'ai pu retrouver quelques informations dans la rare littérature traitant de la question :
" L'effigie de Napoléon III ayant été adoptée pour les monnaies et les timbres-poste, la réforme fut étendue aux timbres fiscaux et une nouvelle émission de 25 timbres à ce type fut mise en vente. Ils mesurent 25 mm x 14 mm, ne sont pas dentelés. Le chiffre du montant de l'effet et de la valeur sont en surcharge rouge, le premier au-dessus, le second au-dessous de l'effigie. L'impression est faite en teinte violette allant du violet pâle au violet noir sur papier blanc ou jaunâtre." (Le timbre-poste. Journal mensuel indépendant des collectionneurs..., mai 1909, p. 59)
Quant à Henri FRADOIS, voici ce qu'il disait au sujet des nuances du type Napoléon III lauré dans son ouvrage (non édité) sur les effets de commerce :
" Couleur.-
Si l'on en croit les catalogues les plus anciens et les tout premiers albums de timbres, qui comportaient alors des emplacements destinés aux timbres fiscaux (Album Lallier 1865 par exemple), la couleur des timbres de cette émission est le violet, pâle ou foncé... seul Moens les décrit comme ayant la teinte " ardoise "... et on est bien dans l'obligation de constater que la plupart de ces timbres venus en notre possession, même... et peut-être surtout... s'il s'agit de timbres neufs présentent, le plus souvent, une teinte allant du beige plus ou moins clair au marron plus ou moins foncé et très rarement la teinte gris-violet ou ardoise d'origine.
Force est donc de conclure que la majorité des timbres de cette émission actuellement en collection ont eu leur couleur originelle altérée, vraisemblablement par la conjonction de facteurs divers : variations atmosphériques, humidité en particulier, la gomme riche en oxydes et... le temps...
Comme il a été signalé lors de l'étude du timbre de dimension 20 c. de la série dite " Manteau impérial ", émis en 1865, les recherches en vue de la mise en œuvre de la couleur " violet " pour les timbres fiscaux français sont loin d'avoir été une réussite à l'époque. "
Essayons d'être méthodique en adoptant la démarche suivante (à partir des timbres dont nous disposons à l'heure actuelle) : 1) le papier ; 2) les nuances.
Le papier : l'examen d'un certain nombre de figurines permet effectivement de repérer différentes sortes de papier. Un papier blanc, rencontré fréquemment sur les timbres neufs provenant des documents de greffe :
et d'autres papiers jaunâtres ou grisâtres.
En examinant le scan de Robert, cela nous permet le classement suivant : papier blanc pour les n° 3, 4 et 7 et papier grisâtre ou jaunâtre (impossible à déterminer sur un scan) pour les n° 1, 2, 5 et 6.
Les nuances : à partir d'une typologie par le papier, on peut s'essayer à classer les nuances, en partant du clair jusqu'au foncé. Celles sur papier blanc vont de l'ardoise clair au foncé soit 3, 4 et 7 ; celles sur papier jaunâtre ou grisâtre vont du bistre beige jusqu'au brun : soit les 1, 2, 5 et 6.
Cette proposition de classement des variétés de nuances n'est qu'exploratoire et mérite d'être approfondie. Si cela vous tente, n'hésitez pas à me faire partager vos impressions sur la question.
Pour compléter notre propos, c'est à juste titre que Robert évoque un " papier huileux " sur le n° 6 faisant ressortir l'effigie au verso. En voici un exemple :
Comme on peut le constater à la lecture des quelques lignes ci-dessus, voilà encore un champ de recherche passionnant ouvert par les timbres fiscaux.