Monsieur le curé était-il friand de chicorée ?
Un fragment d'emballage revêtu de plusieurs bandes fiscales de chicorée, voilà de quoi attirer l'attention du collectionneur :
Jetant un regard furtif sur l'étiquette, mon attention se porte immédiatement sur la quantité indiquée, soit 15 kg à livrer à Monsieur Deltow, curé à Gabrias. 15 kg de chicorée me dis-je alors ; notre homme d'Eglise ne serait-il pas sujet au péché de tentation ?
Non ! L'honneur est sauf !
Explications :
En reprenant plus attentivement la lecture de l'étiquette, je constate que l'envoi émane du sieur Comandré, cirier à Mende. Cirier, cirier ? Nous y voilà : un cirier est un fabricant de cierges ou d'objets en cire. Ceci signifie donc que les 15 kg de la livraison en question n'étaient pas faits de chicorée mais bel et bien de cierges ce qui pour une église, convenons-en, semble nettement plus approprié.
Que viennent donc alors faire ces bandes fiscales de chicorée sur cet emballage de bougies ?
L'explication nous en est donnée par le décret du 8 janvier 1874 portant " règlement d'administration publique pour la perception de l'impôt sur l'acide stéarique, les bougies, etc. " qui dans son article 20 indique : " En attendant que de nouvelles vignettes timbrées aient été établies, la régie pourra, pour la perception de l'impôt sur les bougies et produits similaires, faire usage des vignettes dont elle se sert aujourd'hui pour la perception du droit sur la chicorée. "
Voici un autre fragment d'emballage qui confirme la mise en application de ces dispositions provisoires :
Précisons pour finir que le montant de la taxe sur les bougies avait été fixé à 25 francs les 100 kg par la loi du 30 décembre 1873.
NB: illustrations aimablement transmises par H.G.