Un peu de vocabulaire : variété constante

En philatélie, le terme " variété " se dit d'un timbre qui présente une différence fortuite par rapport au timbre type. Mais encore faut-il que cette différence soit suffisamment significative pour retenir l'attention ! Inutile donc de vous munir d'une loupe voire d'un microscope pour repérer un élément divergent du timbre de référence.

Considérons donc qu'une variété intéressante doit se voir à l'oeil nu par un amateur doté d'une acuité visuelle normale.

Les variétés peuvent être accidentelles et ne porter que sur une seule feuille voire sur un seul timbre. Il peut alors s'agir de variétés d'impression, de couleurs, de dentelure, de surcharge... Par principe, ces variétés accidentelles ne peuvent être répertoriées car leur nombre est impossible à appréhender.

La variété constante est nettement plus intéressante. Elle se rencontre sur un ou plusieurs timbres situés au même emplacement sur la planche d'impression. En philatélie postale, la plus emblématique des variétés constantes est le tête-bêche.

Il existe également quelques têtes-bêches en philatélie fiscale dont un unique exemplaire connu du timbre n° 35 des effets de commerce, signalé de manière constante dans tous les catalogues fiscaux depuis 1982, mais ayant mystérieusement disparu du catalogue Yvert et Tellier 2012. Les autres têtes-bêches signalés concernent essentiellement des émissions privées ou locales : timbres des agents de change de Bordeaux ou timbres de limonade d'Epinal et d'affiches du Mans ou les réimpressions du timbre de dimension au type " Manteau Impérial " réalisées en 1909 :

Mais ces têtes-bêches n'ont pas un caractère accidentel, ils correspondent à une disposition particulière mais volontaire des empreintes destinées à l'impression, ils ne peuvent donc être qualifiés de variété constante.

La plus connue des variétés constantes de la philatélie fiscale est certainement la cassure du cadre de l'angle supérieur droit des timbres d'effets de commerce au type " Napoléon III lauré " de Barre :

Cette variété constante est dite du " 19ème timbre " car elle affecte le neuvième timbre, en partant de la gauche, de la deuxième rangée de la feuille d'impression. Mais ce qu'on sait moins, c'est que cette variété remonte certainement à l'origine car la voici présente sur un essai :

Une autre variété constante est venue plus récemment à notre connaissance :

Vous avez repéré cette variété ? Bravo. Pour les plus distraits, observez le " I " dans timbre impérial en bas du timbre. Une fine rayure part de ce " I " pour rejoindre le " M " de commerce dans la partie supérieure gauche, en séparant le nez et la barbe du reste du visage.

Cette rare variété constante affecte les trois séries d'effets de commerce au type " Napoléon III lauré " de Barre. Il est inutile de préciser qu'elle est rarissime sur les timbres surchargés de 1874, comme l'est le 8 francs présenté ci-dessus.

D'autres variétés constantes peuvent être assez facilement repérées. Je vous en présenterai d'autres d'ici peu. D'ici là, sans vous ruiner, vous pouvez, à titre d'exemple, partir " à la chasse " de ces variétés sur les timbres de faible valeur de la série unifiée, pour laquelle il existe de nombreuses variétés constantes tant sur la série lignée que sur la série étoilée. Nous pourrons alors confronter le fruit de votre recherche à ce que j'aurai pu trouver de mon côté.

Pour finir souvenez-vous qu'une variété est constante si elle se rencontre au moins deux fois. Voici une variété constante intéressante sur le 3 francs de dimension au type " Manteau Impérial " :

Votre acuité visuelle progresse et vous avez immédiatement repéré la cassure du cadre dans la partie supérieure, au niveau du " E " de timbre dans la légende " TIMBRE IMPERIAL ". Voici cette variété en détail :

Etes-vous prêt pour découvrir d'autres variétés ? Oui, alors c'est à vous de jouer ! Allez maintenant et que nos voeux vous accompagnent.