La vente sur offres de la maison Roumet qui vient de se terminer restera dans la mémoire des collectionneurs de fiscaux. En effet, lors de cette vente, de nombreux albums de fiscaux des colonies françaises ont fait le bonheur des amateurs.
Un de mes amis, grand connaisseur de ces fiscaux, a pu acquérir quelques lots lors de cette vente et m'a aimablement transmis quelques scans. En échangeant avec lui au téléphone, il m'a proposé d'écrire un petit billet sur mon blog concernant le document que voici :
Voyons cela : il s'agit d'un feuillet provenant d'un passeport français délivré à Djibouti le 17 octobre 1977.
Il porte, en lieu et place du timbre mobile, une intrigante vignette dactylographiée sur laquelle on peut lire : " Le présent Passeport est délivré gratuitement, la régie de recettes de ce poste n'étant pas installée à ce jour ".
Cet affranchissement provisoire va nous amener à faire un bref retour historique pour nous remémorer la Côte française des Somalis et le Territoire Français des Afars et des Issas, noms donnés précédemment à cette ancienne colonie française qui allait devenir indépendante le 27 juin 1977, sous le nom « république de Djibouti ».
Djibouti étant devenu un état souverain, il fallait donc que se mettent en place les services diplomatiques et consulaires de la France, l'ambassade de France étant créée en 1977.
Mais, à la date de délivrance de notre passeport, la régie de recettes de ce poste n'était pas installée. Or, une régie de recettes est indispensable pour qu'un agent (le régisseur) puisse effectuer les opérations d'encaissement pour le compte d'un comptable public.
Cette régie n'étant pas mise en place à la date de délivrance du passeport, l'agent chargé d'instruire la demande ne pouvait donc encaisser le montant du passeport, il se serait trouvé en situation de gestion de fait avec toutes les conséquences pécuniaires qui pourraient en découler.
C'est pourquoi, l'agent consulaire a délivré ce passeport gratuitement, alors qu'il aurait dû normalement percevoir 120 francs, le tarif des passeports en vigueur l'époque.
Mais, en l'espèce, l'Administration n'accordait là qu'une largesse toute relative, car la durée de validité de ce passeport était limitée à 3 mois. À son expiration, nul doute que la régie était en place et que cette fois-ci le montant de 120 francs a bel et bien été encaissé.
Merci à mon ami Younouss pour ce fort rare passeport provisoire.
Il m'a laissé entendre qu'il aurait d'autres illustrations hors du commun à me communiquer d'ici peu. Je m'en réjouis d'avance.